mardi 21 mai 2013

3000m sur piste à Montbéliard - 2e tour des interclubs 2013



Les interclubs : un moment magique et unique qui rassemble les clubs autour de disciplines aussi variées que le sprint, le relais, le lancer, la perche, le saut, le demi-fond, le steeple, la marche. Des petits Jeux Olympiques, en somme.

Notre club, AC Paris-Joinville, n'a cessé de progresser depuis plusieurs années pour atteindre la très belle division N1A. Autant vous dire que le niveau, à cette marche de la compétition, est élevé.

Après un 1er tour à Créteil qui ne nous a pas permis de matcher avec les meilleures équipes de notre division, nous sommes allés ce dimanche à Montbéliard dans le but de défendre les couleurs de notre club et surtout faire notre possible pour conserver notre place en division N1A.

Pour cela, il faut se classer parmi les meilleurs dans nos disciplines respectives. Le classement et les points sont attribués à la place de l'athlète.

L'an dernier à Toulouse, nous étions 16 coureuses sur le 3000m. La première a remporté 16 points pour son équipe. La dernière, 1 point. J'étais la dernière.

Cette année, après une année de travail assidu et de progrès sur piste, je comptais bien prendre ma revanche. Non seulement, je ne voulais pas arriver dernière, mais je voulais également et surtout me prouver et prouver aux autres athlètes de mon club que je méritais ma place dans cette grande équipe en faisant enfin tomber le chrono. Approcher les 16 km/h sur 3000m me semblait un défi réalisable.

Samedi 12h30, nous sommes donc partis de Paris en car en direction Montbéliard.
8 heures de car plus tard, nous y étions. Une courte nuit (toujours difficile de trouver son sommeil quand on n'est pas chez soi et dans son lit), un bon petit déjeuner et à 11h nous avons pris possession du stade Jacky Boxberger pour commencer à encourager les premières épreuves. J'adore ! Ca permet de se mettre tout doucement dans l'ambiance et de commencer à penser à notre épreuve qui approche.

Il y a eu du spectacle ! Du très beau, du très bon ! Ca met un peu la pression, mais je sais quel est mon niveau. Il est loin d'être aussi spectaculaire que tout ce que je regarde, mais compte tenu de mon jeune âge en athlétisme, je mesure le chemin parcouru pour avoir la chance de participer à une si belle compétition. Je sais que je ne ferais pas des merveilles au regard du niveau rencontré, mais je sais que je suis capable de faire mes propres merveilles. Alors j'ai bien l'intention de ne pas me priver :-) 

Tout doucement, mon rendez-vous "revanche" est arrivé.
15h20 et c'était mon tour.
15h20 et moi aussi j'allais devoir montrer de quoi je suis faite.

Après un échauffement d'une vingtaine de minutes, j'enfile mes pointes et m'apprête à faire quelques accélérations quand je suis frappée d'un coup terrible au mollet droit. Un pic perçant et saisissant qui m'a empêché de remettre le pied à terre.

L'angoisse a définitivement pris possession de tout mon corps. Moi qui n'espérais qu'une chose, ne pas arriver dernière, il était évident qu'avec un mollet tout d'un coup en vrac, j'allais à nouveau devoir écoper de la dernière place et ramener avec moi un chrono à m'en faire pleurer.

15h20, je suis appelée sur la ligne de départ. Mon mollet me fait mal mais je vais devoir courir et faire de mon mieux. Je n'ai pas pu prévenir mon entraîneur. Il va me voir passer au ralenti, ne va pas comprendre et va se dire que je n'ai définitivement plus ma place dans cette équipe : 2 finales, 2 échecs. On clôture l'affaire.

15h20, le coup de pistolet retentit.
Alexia, ma copine du club, prend la tête du peloton. Je la vois partir alors que je suis avec le groupe de queue et que je fais ce que je peux pour ne pas trop compenser mes appuis et trouver une allure qui me convient.

1er 500, mon entraîneur m'annonce 1'50. C'est bien !
1er 1000, je le passe en 3'46. Génial !
La suite ? Je ne sais plus. J'ai couru. Je sais qu'il s'est mis à pleuvoir. Des trombes d'eau !! Ca m'était égal, au contraire, j'aime quand il pleut. Je me souviens de cette fille devant moi que je n'ai jamais pu accrocher. Au fur et à mesure, elle s'est éloignée sans que je sois parvenue à l'approcher.

Je passe la ligne d'arrivée, me retourne, ne vois personne derrière moi. C'est la désolation ! Je suis triste. Très triste. Je suis dernière. Encore une fois. Une fois de trop.
Je me dis que je ne participerais plus à cette épreuve. Je n'arrive pas à restituer mes entraînements. Je n'arrive pas à donner ce que je vaux. Traverser la France pour apporter un minuscule point et me donner en spectacle ? Je ne veux plus.

Je m'isole. Vais chercher mes baskets pour enlever mes pointes. La douleur au mollet s'est faite oublier en courant. Elle revient maintenant que les muscles refroidissent.

Alexia et Lise, mes copines du club, viennent à ma rencontre. Alexia a terminé en 11'15. Bravo ! C'est extraordinaire !! Elle est douée ! Elle n'a pas mené la course jusqu'au bout et s'est faite rattraper par des concurrentes. Elle est partie trop vite (1er 1000 en 3'30) et l'a payé. Mais elle a fait une magnifique performance ! A la hauteur de nos entraînements. Et je suis certaine qu'elle en a encore sous le pied ! Quel beau travail Alexia !

Lise me dit que j'ai maintenu mon chrono du 1er tour. Je lui réponds qu'effectivement j'ai à peu près limité les dégâts à ce niveau là (même s'il ne s'agit pas de mon niveau) mais qu'à nouveau je me retrouve dernière et que cette place, je ne peux plus et ne veux plus l'accepter.

Elle m'assure que NON je ne suis pas dernière. Il y avait d'autres filles dernière moi.
Je me suis pourtant retournée en arrivant. Et je n'ai vu personne. Je vais demander à d'autres amis du club qui me confirment que je ne suis pas dernière.
Tout d'un coup, le moral revient un peu. Le sourire avec.

Je suis allée vérifier les résultats. Effectivement je ne suis pas dernière. Je suis 14e sur 16. Je ramène donc 3 points à mon club. C'est pas énorme. Mais j'ai rempli mon contrat : je ne suis pas arrivée dernière.

Aujourd'hui, après 2 jours de repos, je dresse le bilan. Il n'est pas glorieux.

Certes, je ne suis pas dernière. Mais j'ai raté ma course. A nouveau. Encore.
Terminer en 11'57 un 3000m, ce n'était pas mon objectif. Je m'entraîne pour réaliser bien mieux. Je suis incapable de m'approcher des 16 km/h. Ca me désespère.

Certes, mon mollet m'a joué des tours et j'ai une belle excuse pour justifier mon absence de chrono, mais je sais très bien que cette excuse est bidon et ne tient pas la route. Je sais que j'ai un problème avec ma tête. Mais je n'arrive pas à le débloquer. Je n'arrive pas à comprendre ce qui m'empêche de me lancer, de me mettre dans le rouge, de donner le meilleur.
Je m'entraîne, j'enchaîne les séries en réalisant les chronos demandés, et une fois la compétition arrivée, je ne restitue plus. Je subis. C'est désespérant.

Je vais continuer à travailler. Reprendre la piste. Retourner aux soirées de St-Maur le mercredi soir pour tenter de libérer ce morceau qui me reste au travers de la gorge et dont je ne parviens pas à me débarrasser !

En attendant, je suis en pause quelques jours. Mon mollet ne s'est toujours pas remis. Je glace et j'attends que la douleur ait totalement disparu.


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15 commentaires:

The Pinkrunner a dit…

Tout n'est pas à jeter non plus, ça va bien finir par passer à un moment ou à un autre car à ce stade le travail finit toujours par payer!

Julien a dit…

Oh oui Philippe a raison !
Tu as le droit d'être déçue, mais pas trop longtemps quand même.
Tu as progressé et ce niveau n1 ne semble pas donné à tout le monde. Il y en a en dessous !
Prends soin de ton mollet (peut-être un passage chez le kiné pour assouplir ce qui ressemble à un petit claquage, et pas laisser de traces) et tu repartira de plus belle !

sarah barbault a dit…

Te lire me donne les larmes aux yeux ma si chère Sandrine. Je sais tellement que tu vas y arriver un jour, et déjà, tu es capable de l'écrire, la tête se débloquera, ne t'inquiète pas. Je t'embrasse très fort et prends soin de toi.

Jean-Philippe Brunon a dit…

Salut Sandrine,

Bravo pour ta course, j'espère que tu n'es pas blessée sérieusement.

Tu peux progresser, mais à mon avis, 11'15" c'est quand même un peu juste (actuellement) en y pensant, à moins de te spécialiser sur 1500/3000 (bizarre en V1), mais dans ce cas tu risques fort de ne pas progresser, voire de régresser sur le long (dire que tout gain de vitesse est transposable en proportion sur le long, c'est faux) et surtout de risquer les blessures!

ça serait intéressant de savoir ce qu'en pense ton entraîneur.

Si tu prends la table de Jack Daniels (qui colle bien pour moi et d'autres coureurs), attention c'est une table adaptée aux coureurs de fond, pas de 1/2 fond...:

- VDOT = 51 => 3000m en 11'21", 10K en 40'39", semi en 1h30, marathon en 3h07, oops! Alors 11'15"... c'est 40' sur 10 km

- VDOT = 53 => 3000m en 11'45", 10K en 42'04", semi en 1h33, marathon en 3h14, plus adapté, tu peux sans doute faire un peux mieux sur le court, genre 11'30"/11'35" sur 3000m (15" sur 3000m c'est beaucoup), et 41'30" sur 10km.

Remarque : le VDOT ne correspond pas aux niveaux FFA car les niveaux FFA se basent sur des données statistiques et avantagent donc les longues distances (l'endurance du coureur type est médiocre) alors que Daniels se base sur des données physiologiques atteignables par un entraînement équilibré (mais privilégiant le fond du 10000 au marathon).

Il va donc falloir prioriser tes objectifs...

SandRunning a dit…

Merci Jean-Philippe pour ton analyse très intéressante ! Effectivement, je ne visais pas 11'15 sur ce 3000 (Alexia a un fort potentiel, je savais qu'elle serait devant moi et qu'elle était capable de réaliser une très belle performance), mais j'espérais m'approcher des 11'45. Je sais que j'en suis capable. A lire la table Jack Daniels dont tu m'as extrait quelques données, je vois bien que cet objectif est réalisable et ça me (re)donne de l'espoir. Sur 10km j'ai un record à 42'09, mais je vise 41'30 et sur 3000 mon entraîneur me sais capable de réaliser 11'40. Je vais regarder ces données de plus près.
Mon mollet va encore un peu mieux ce matin. Je vois un kiné demain soir.
Merci encore pour ton long commentaire et pour tes encouragements !

SandRunning a dit…

Merci beaucoup Sarah ! Je suis tellement désolée pour samedi, j'aurai vraiment aimé qu'on puisse courir ensemble mais j'ai peur que mon mollet ne soit pas encore remis. Je te tiens au courant. Gros bisous et à très vite !

SandRunning a dit…

J'ai progressé mais ce 3000 n'en est malheureusement pas le reflet. C'est vrai que le niveau est élevé. J'ai beaucoup de mal à prendre du recul dans ces cas là, car je veux me montrer à la hauteur de la compétition. Pour autant, ça ne me démotive pas. J'ai toujours autant envie de travailler et je ne désespère pas d'approcher ces 16km/h tant convoités :-)

SandRunning a dit…

J'espère Philippe ! Il s'agissait de ma 2e saison. Il me faut certainement encore un peu plus d'expérience et de pratique avant de parvenir à restituer le travail réalisé. La digestion est longue mais elle finira bien par se faire. Merci !

Fred Run a dit…

bravo pour t'être donné à fond comme dab. C'est le métier qui rentre ! Prends soin de ta cheville. @++

SandRunning a dit…

Il est bien difficile ce métier !! Bien plus difficile que celui que je pratique en journée en tout cas :-)
Merci Fred !

One Day One Run a dit…

Avec un mollet en vrac, tu réalises un chrono satisfaisant, moins bon que celui que tu espérais.


Certaines féminines aimeraient bien faire moins de 12' sur un 3000 et si je réfléchis bien tu es la fille la plus rapide de mon entourage.


Repose-toi bien, évacue ce que tu as dans la tête, sur le cœur et reviens nous vite par ici pour nous montrer réellement de quoi tu es capable...

SandRunning a dit…

Merci Claude ! Tellement étrange de devoir se dire que pour courir il faut d'abord gérer la tête ! Que personne ne vienne me dire que courir c'est facile ! :-)

luc levesque a dit…

Por un entrainement marathon, ces séances seront super payantes. C'est le bon côté des choses. Bonne guérison du mollet.

SandRunning a dit…

C'est ce qu'il parait, alors j'espère effectivement que va se traduire sur le long :-) Merci Luc !

doune a dit…

Allez Sandrine... lâche pas ! C'est quand on se prend des claques comme ça qu'on gagne la hargne pour aller encore un peu plus vite ou plus loin la prochaine fois. Tu touches tes limites et t'es en train de les repousser. Moi j'y crois à ces 16 kms/h l'an prochain !

Puis une dernière place n'a rien de déshonorant....surtout en National 1A !

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